24.07.2023
Cycle IA
© D.R.

À une époque où l'intelligence artificielle (IA) redéfinit profondément notre réalité, nous nous trouvons au cœur d’un vaste océan de questionnements existentiels : qu'est-ce qui caractérise notre humanité ? Quelle est notre place dans une société axée sur la productivité et le profit ? Comment naviguer éthiquement à travers ce flux constant d'innovations technologiques ?

Ce cycle vise à explorer ces questions épineuses grâce à deux spectacles : d’abord, dSimon conviera le public à un dialogue avec le double numérique de Simon Senn, sculpté à partir des données personnelles de l’artiste. En disséquant notre conception de l'identité à travers le prisme juridique, politique, social et philosophique, cette pièce renvoie à une théorie fondatrice de Freud : celle du « transfert », qui décrit notre inclination à projeter nos propres sentiments sur autrui. Dans le contexte de l'IA, ce constat devient d’autant plus intrigant, voire dangereux : en effet, comme le démontre le succès de ChatGPT, nous avons également tendance à prêter des attributs humains, tels que l’empathie et la compassion, à l'intelligence artificielle – un phénomène appelé « effet Eliza », du nom de l’un des premiers programmes conversationnels, élaboré par Joseph Weizenbaum dans les années 60.

Le second spectacle, Human in the loop de Nicole Seiler, quant à lui, explorera l'intrusion de l'IA dans la sphère artistique. En confiant sa chorégraphie à une IA, la créatrice suisse questionne le potentiel et les risques de déléguer à des machines des tâches intrinsèquement humaines, basées sur l'intuition et les émotions. Oscillant entre humour et satire, cette performance interroge plus largement notre libre arbitre dans un monde de plus en plus régulé par des algorithmes. En parallèle, Nicole Seiler proposera un atelier de danse ouvert à toutes et à tous, offrant une occasion unique d’interagir avec une intelligence artificielle à travers son propre corps.

dSimon et Human in the loop jettent tous deux une lumière crue sur la manière dont l'IA bouleverse tant notre manière d’être que notre manière de créer, et nous interpellent sur notre responsabilité collective à son égard. Il y a plus de 60 ans, Joseph Weizenbaum soulignait déjà que l'IA était fondamentalement inhumaine et qu’il était important de ne jamais laisser un système informatique prendre le relais de fonctions requérant respect, compassion et amour interpersonnels. Malheureusement, cette distinction s'est estompée au fil du temps, la société ayant conféré aux machines une autorité dans des domaines dans lesquels elles manquent cruellement de compétences : ainsi, des instruments d'évaluation des risques sont aujourd’hui utilisés par les juges aux États-Unis pour prendre des décisions cruciales, tandis que des chatbots alimentés par l'IA sont régulièrement présentés comme une alternative à la consultation d'un thérapeute humain.

Ces incidents mettent en exergue la pertinence de la mise en garde de Weizenbaum : les ordinateurs doivent rester des outils de calcul et ne jamais endosser le rôle de juge ou d’arbitre. Il nous faut donc promouvoir une coexistence éclairée avec l'IA, qui reconnaît les limites de celle-ci, tout en célébrant notre extraordinaire singularité. Si la technologie peut amplifier nos capacités, nous devons veiller à ce que le vaste spectre de la pensée et des émotions humaines ne soit pas réduit à des séquences de code insensibles. Un défi de taille à l'ère de la numérisation galopante...


TARIF PAR SPECTACLE : 22,50 € / 8,00 €
PASS 2 SPECTACLES : 
30,00 € / 12,50 €